➄ La Porte des Temps | Roman de FANTASY | La saga d'Aila de C. Boullery

La Porte des Temps, tome 5 de la saga de fantasy de Catherine Boullery
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Le début de l'histoire (avec un rappel des tomes 1 à 4)

Résumé succinct des tomes 1 à 4 - première époque de la saga d'Aila

Aila a grandi dans le comté d'Antan, élevée par son oncle et entourée par Mélinda, la châtelaine et Hamelin, le mage du comté. Sa volonté est de devenir une combattante et, poussée par son oncle, elle participe à des joutes orchestrées dans le but de sélectionner les membres de la garde rapprochée du roi Sérain d'Avotour. Finalement choisie, elle commence par être envoyée en mission en compagnie du fils aîné du roi, Hubert. Peu à peu, ses talents de combattante empruntent des voies inhabituelles qui semblent décupler ses sens et sa perception du monde qui l'entoure. Troublée, elle ne découvre que plus tard l'origine de tous ces bouleversements, liée aux pouvoirs que les fées partagent avec elle à son insu. Dorénavant, la vie en a décidé pour elle, elle n'aura plus qu'autre choix que celui d'accepter ses nouvelles aptitudes et toutes les conséquences, bonnes ou moins bonnes, qu'elles induiront.

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L'heure est grave. Venu du nord, un empereur, Césarus, avance vers eux pour conquérir Avotour et tous les pays environnants. Il apparaît si puissant que tous doutent de leur capacité à le contrer. Convaincu de la nécessité de créer des alliances même avec leurs ennemis de toujours, Sérain d'Avotour envoie son fils cadet, Adrien, en compagnie d'Aila, vers le pays hagan. La route des deux compagnons emprunte des chemins de traverse et amène la jeune fille à semer dans les esprits des villageois le souffle d'un espoir insensé : pour lutter contre Césarus et pourquoi pas le vaincre, la seule solution réside dans le fait de s'allier et de se battre tous ensemble pour la liberté.

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Parvenue aux frontières du pays Hagan, Aila récupère les affaires d'une chamane, Marça, qui vient de rejoindre les esprits de la Terre. À peine la tenue revêtue et la bague passée à son doigt, elle se retrouve dans une grotte, accueillie par une femme cachée dans l'ombre. Cette dernière lui révèle qu'elle est à présent, Topéca, la première chamane guerrière. Aila, sans pidement, Aila affirme sa nouvelle personnalité : elle est Topéca, la première chamane guerrière et le sol comme le ciel vibrent sous sa puissance au son des clochettes de son kenda. Elle va d'ailleurs prouver rapidement à tous que les esprits de la Terre l'habitent et crée La Tribu Libre regroupant les opposants de la Tribu Principale. Redescendue dans la plaine d'Avotour, Topéca redevient Aila au grand désespoir de cette dernière qui se perd entre ses différents rôles.

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La lutte n'est cependant pas terminée et Aila parvient à renverser le roi du Faraday pour le remplacer par son frère. Alors qu'elle continue de combattre son destin, la clarté d'un regard lui donne envie d'aimer et d'être aimée. Malheureusement, au petit matin, l'Oracle l'appelle et elle quitte tous ses amis, même lui... Désespérée, elle renonce à tout. Cependant, sa quête ne restera pas solitaire très longtemps, car elle est rejointe par Niamie dans un premier temps, puis par Hang.

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Au coeur du pays Hagan, après deux confrontations avec la sorcière, Aila retrouve Amata et devient la nouvelle porteuse de L'Oracle de Tennesse. Sous le déferlement de la connaissance, Aila s'efface totalement, mais Niamie s'y oppose de toutes ses forces et permet à la jeune femme de renaître derrière la personnalité si particulière de l'Oracle, l'amenant à organiser petit à petit sa double vie.

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Parvenue en Épicral, Aila se lie d'amitié avec la reine Hatta avant de rejoindre la reine Alsone en Estanque. Sans toutefois rallier cette dernière à Avotour, elle obtient la participation de ses soldats. Ses relations avec Hang s'étant nettement dégradées, leurs chemins se séparent.

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L'Oracle est une source incroyable de connaissances dont Aila s'enrichit pour mieux comprendre la façon de vaincre Césarus tandis qu'elle développe une nouvelle magie qui la rend lumineuse : la magie ancienne. Rebelle, exclusive, cette dernière ne lui offre aucune réponse et chacun des progrès d'Aila se paie au prix fort. Une petite et dangereuse incursion dans le cerveau de Césarus lui en apprend beaucoup sur les projets de son ennemi et Aila commence à organiser la résistance.

Devenue La Dame Blanche, elle organise les grandes batailles de la Wallanie qui verront la défaite et le décès de Césarus. Naaly, fille d'Aila sera la clé de ce succès. Le monde retrouvera la paix, tandis que Pardon et Aila mèneront une vie rangée.


Début du tome 5 - La Porte des Temps

PLus de quinze ans se sont écoulés depuis les dernières grandes batailles de la Wallanie, quinze ans depuis la disparition de la magie… Aila et Pardon vivent à Antan, avec leurs deux enfants : Naaly, seize ans et Tristan, quatorze ans et demi. Si Naaly est dynamique et plutôt rebelle, au contraire, Tristan apparaît effacé tout autant par son physique que sa personnalité. Pardon avec Hang et Bonneau ont repris le manège de Barou et Aila s'occupe comme elle peut.

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Dans l'ombre, une femme grimée manœuvre pour obtenir une clé, celle qui ouvrira La Porte des Temps. Grâce à elle, elle espère changer le passé et sauver la personne qu'elle aime le plus au monde. Malheureusement, elle ne sait ni à quoi elle ressemble ni comment l'utiliser, mais elle est prête à tout pour le découvrir et, quand sa dernière tentative se révèle vaine, elle passe à l'action. Qui peut détenir cette connaissance, sinon un Oracle ?

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En Avotour, la relation entre Aila et Pardon se dégrade jour après jour. En effet, Aila s'accroche lamentablement à un désir de troisième enfant qui se refuse à elle, se sentant davantage perdue à chaque nouvel échec. De plus, ses relations avec sa fille s'avèrent parfois compliquées, rendant la situation encore plus pénible à supporter, jusqu'au moment où, sans en comprendre réellement la raison, elle quitte sa famille.

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Quand Pardon découvre la disparition de sa femme, sa colère explose froidement et il refuse de lui courir après. Mais son fils ne lui laisse pas le choix. Persuadé que sa mère court un danger, il s'enfuit lui aussi de la maison, obligeant ainsi son père à le suivre, accompagné de Naaly et Hang, qui abandonne sa femme, Niamie, enceinte.

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Bientôt, Aila rencontre une vieille femme en difficulté qu'elle raccompagne chez elle et passe la nuit dans sa maison. Celle-ci lui annonce un avenir terrifiant avant de lui offrir un flacon et une pierre qu'elle attache autour de son cou. Le lendemain, Aila repart sans se souvenir de la conversation ni des présents.

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Après une escale à Avotour, Aila repart juste avant que son mari arrive avec ses compagnons. Pardon, soulagé, retrouve son fils et décide de repartir avec Hang tout en laissant ses enfants à la garde de Bonneau. Mais, encore une fois, Tristan échappe à la surveillance de son grand-père, entraînant à sa suite, Sekkaï, le fils de Sérain et de Lomaï d'Avotour, puis sa jumelle, Merielle, accompagnée par Naaly.

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Attaquée par des bandits qui lui dérobent son cheval, Lumière, Aila chute et perd la mémoire. Tandis que Pardon et Hang suivent la piste de la jument, la troupe d'adolescents, guidée par Tristan, s'engage sur les traces d'Aila.

Parcourez les coups de cœur de mes premiers lecteurs

Catherine R, On ne se dérobe pas au Destin et la mission d’Aila n’est pas encore terminée

Quel plaisir de retrouver mon héroïne. Elle va vraiment d'aventures en mésaventures. Mais son côté femme-mère la rend surprenante dans son comportement. En attente du prochain tome qui ne saurait attendre. Merci Catherine, continue à nous enchanter.

Sur Fnac
MLR, Un régal !

Quel plaisir de retrouver les personnages du premier cycle, d'apprendre ce qu'ils sont devenus et de découvrir les nouveaux, déjà adoptés ! L'écriture est dense, les héros enchaînent aventures et mésaventures. Je me languis déjà de lire la suite de cette nouvelle saga qui s'annonce palpitante !

Sur UPblisher
Florence, Émotions et suspense

Ce nouvel opus est l'un de mes préférés : émotions et suspense sont au rendez-vous tout au long du livre. Même si c'est de la fantasy, les dialogues notamment avec les adolescents sont criants de vérité et révèlent une observation fine du monde réel de la part de l'auteur. Bref on ne décroche pas avant la fin.
Reste une dernière question : l'auteur nous laisse en plein suspense. À partir de quand pourra-t-on lire la suite ?

Sur UPblisher

L'auteure Catherine Boullery Blog de fantasy Univers de fantasy Aila, l'héroïne Interviews Communauté d'Aila Salons du livre Coups de cœur des lecteurs Avis des lecteurs Je déclare ma flamme Pourquoi écrire Auteurs de fantasy Liens de fantasy Ramdam Photos d'ambiance Photos de papillons Piratage Campagne de financement Remerciements Supportez la romancière… Téléchargez, achetez… Tout sur l'auteure de fantasy


Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Aila, malgré son coucher tardif, se leva de bonne heure et partit se promener, seule. Ne connaissant guère les alentours, elle retourna avec Lumière à l’étang. Elle appréciait ce moment de solitude quand le bruit d’un trot lui fit tourner la tête et découvrir Barnais qui arrivait. Venant vers elle d’un pas léger, il ne semblait pas marcher, mais simplement flotter au-dessus du sol. Il souriait et ses yeux dorés palpitaient de mille feux sous la douce lumière de l’aube.
— Aila, je vous ai cherchée partout ! La soirée d’hier restera gravée comme la plus belle de ma vie et je l’ai passée en votre compagnie. Je n’avais jamais cru possible un tel partage avec une femme et je m’aperçois du contraire… Ce fut une révélation. Je ne savais pas que je pouvais ressentir des sentiments aussi exquis avant de vous croiser. Quittez sire Hubert ! Venez avec moi et je déposerai le monde à vos pieds, lança-t-il avec panache.
— Voici de bien belles paroles, Barnais, mais votre réputation vous a précédé et, je ne peux, ni ne veux, sur une toquade, renoncer à mon avenir.
— C’est vrai, je l’avoue, je suis un coureur. J’ai troussé plus de filles à moi tout seul que tous les hommes du château. Je les ai prises à mon goût, jeunes ou mûres, servantes ou comtesses, libres ou mariées. Mais, aujourd’hui, tout est fini, je vous ai découverte…
Barnais mit un genou en terre :
— Épousez-moi et je vous promets que je serai le mari le plus sage au monde, que je ferai de chacun de vos jours un havre de paix et de bonheur. J’ai enfin trouvé en vous la femme de mes rêves et, sans vous, je ne survivrai pas…
Sa demande, sa promesse même médusait complètement Aila. Il lui déballait vraiment le grand jeu, mais, simultanément, il manifestait une si sincère conviction qu’elle aurait été tentée de s’y laisser abuser… Il se rapprocha d’elle :
— Aila, ce premier baiser que nous avons partagé hier fut comme si c’était le premier de ma vie. J’en tremble encore… J’ai à peine dormi, ne cessant de penser à vous jusqu’au petit matin. Vous avez hanté mes rêves comme une ombre éclatante. Ne me dites pas, je vous en conjure, que vous n’avez rien ressenti de semblable…
— Non, Barnais, j’ai beaucoup apprécié ces moments, je vous l’assure. Mais si vous avez songé à moi pendant toute la nuit, le trouble a aussi envahi mes propres rêves. Je suis la promise de sire Hubert et, en aucun cas, je ne dois l’oublier. La soirée fut des plus délicieuses en votre compagnie et peut-être ai-je proféré des propos que je n’aurai pas dû tenir ou laisser entendre. Sachez-le, Barnais, je le regrette.
— Aila, reconsidérez ma proposition, s’il vous plaît ! Je vous implore à genoux ! Ne répondez pas non, maintenant. Vous êtes la seule, l’unique ! Ne faites pas de moi l’homme le plus misérable d’Avotour sans y avoir réfléchi. Je vous en prie, Aila, je vous en supplie. Pour vous, je renoncerai à tout, à ma vie, à mon château. Je me ferai fermier si vous me le demandez, ou cordonnier. Tout, Aila, je ferai tout pour vous garder…
— Combien de fois, Barnais, avez-vous promis à celles que vous avez croisées votre amour indéfectible ? Comment voulez-vous que je me figure que ce coup-ci sera le bon entre tous ? Soyez réaliste autant que je le suis, aucun amour n’est possible entre nous.
Au fur et à mesure qu’elle parlait, les yeux de Barnais s’emplissaient de larmes, tandis qu’une étrange émotion la saisit. Pour la première de sa vie, cet homme semblait vraiment sincère et elle n’en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles.
— Mais, balbutia-t-il, désemparé, vous êtes la seule que j’ai demandée en mariage. Il ne tient qu’à vous que tous soient au courant, je suis prêt à formuler ma demande officielle dès notre retour au château. Aila, acceptez !
L’espace d’un instant, elle imagina ce que deviendrait son existence si elle acquiesçait : elle serait la femme d’un des seigneurs les plus séduisants d’Avotour, ses enfants, les héritiers du plus important comté de son pays et son mari, fidèle et aimant… Toutefois, elle le réalisa, partager un baiser, même agréable avec un homme ne suffisait pas pour passer sa vie avec lui… Elle ressentait de la tendresse pour lui, mais elle ne l’aimait pas. Elle chassa son rêve d’avenir comme on souffle la flamme d’une bougie et refusa poliment son offre. Barnais s’effondra sur le sol en sanglotant comme un enfant. Elle eut pitié de lui malgré tout ce qu’il avait pu accomplir avant.
— Peut-être que, si nous nous étions rencontrés dans d’autres temps, nous aurions pu nous trouver et partager notre bonheur ensemble. Aujourd’hui, c’est impossible. Je ne peux demeurer insensible à la souffrance de mon futur royaume et je dois, comme vous, remplir mon devoir. Vous venez de me montrer l’être admirable que vous dissimulez sous votre carapace de séducteur patenté. Ne le perdez plus jamais des yeux, ni du cœur. À partir de maintenant, il doit vous guider sur la bonne voie, la même que la mienne. Par ailleurs, n’auriez-vous pas, vous aussi, une promise que vous m’avez cachée ?
— Mais… comment le savez-vous ? Personne n’est dans la confidence, hormis père…, articula-t-il entre deux sanglots.
— Je sais même qui elle est. Alors, pour moi, rendez cette femme aussi heureuse que si elle était la personne que je chérissais le plus au monde. Redressez-vous, Barnais ! Nous avons un pays à sauver ! Intéressez-vous aux hommes qui vous entourent, les grands comme les petits. Jugez-les sur leurs actes et non sur leur titre ou leurs promesses mensongères. Enfin, devenez pour votre père le fils dont il a toujours rêvé. Soyez digne ! Protégez votre famille, votre entourage, votre royaume. Soyez sûr qu’un jour, nous nous retrouverons et nous deviendrons les amis que nous ne pouvons être aujourd’hui…
Descendant à sa hauteur, elle essuya les larmes qui mouillaient encore ses joues d’un geste doux.
— Je vais vous quitter maintenant. Devenez l’homme que je viens de vous décrire et, rien que pour cette métamorphose, notre histoire aura été l’une des plus belles de ma vie. Je vous promets de garder en mon cœur tous les plaisants souvenirs que nous avons partagés, des plus émouvants aux plus intimes, ainsi qu’une tendresse particulière à votre égard…
Elle déposa un baiser sur son front, puis s’éloigna, laissant Barnais sangloter tout seul.

Arrivée dans sa chambre, Aila se sentait épuisée. Quelle journée ! Elle regarda vers son lit, puis, avec un soupir résigné, frappa à la porte d’Hubert et entra.
— Où étiez-vous ? Encore avec Barnais ? osa le prince, sur le ton de la moquerie.
— Oui et je viens de refuser sa demande en mariage.
— Vous vous moquez de moi ?
— Même pas, je préférerais presque… Je crois que j’ai temporairement brisé sa vie, enfin jusqu’à ce qu’il arrive à la reconstruire. Ceci mis à part, j’ai beaucoup d’éléments à vous apprendre. Êtes-vous disponible pour m’écouter ?
Hubert la regarda avec attention. Elle était calme, peut-être trop calme… Elle paraissait éteinte.
— Je vous écoute.
— Comme vous vous en doutiez, nous avons affaire à un véritable complot, malheureusement plus étendu que nous ne l’avions prévu. J’ai entendu beaucoup de noms dont celui d’Ardenais et, surprise, de Rebecca. Cette femme a embobiné Barnais. Je pense qu’il a collaboré au début, puis il a commencé à réfléchir. Comme il devient de plus en plus réticent, voire dangereux pour eux, ils songent à l’éliminer. Rebecca doit l’attirer dans un piège, mais elle a refermé la fenêtre avant que j’apprenne lequel. De la même façon, nous représentons une gêne et leur intérêt justifie de créer un incident diplomatique entre Avotour et Escarfe afin de pousser sire Airin dans leur filet. Voici déjà deux points sur lesquels nous pouvons influer. J’ai également imaginé une idée pour ralentir temporairement nos adversaires. Ici, en ce moment, se trouve une des têtes du complot. J’hésite entre deux individus et seul le fait d’entendre leur voix me permettra de déterminer laquelle.
— Je pencherais pour Bascetti, un tout petit homme discret, voire insipide, qui cache bien son jeu, mais il faudra s’en assurer… Je le piste depuis notre arrivée, mais, personnellement, je ne suis pas parvenu à le surprendre. Bravo, Aila !
— Remerciez la chance et un baiser langoureux qui vous donnent des ailes pour espionner aux bonnes fenêtres au bon moment ! Un léger somme avant le déjeuner me fera le plus grand bien.
Hubert constata qu’elle avait repris un peu d’énergie et de mordant. Bien, cela signifiait qu’elle allait déjà mieux.

Aila attendait avec impatience la fin du repas. Barnais ressemblait à l’ombre de lui-même au point que même son père s’en était aperçu et semblait préoccupé par l’état de son fils. Barnais ne cessait de prétexter qu’il était juste un peu indisposé et que tout irait mieux demain. Pourrait-il tromper son monde bien longtemps ?
Quittant la table, elle fut malheureusement accaparée par la bande féminine du château, dont faisait partie Astria. Quand cette dernière s’éclipsa discrètement, Aila invoqua un oubli de son mouchoir pour suivre ses traces légères jusqu’à une couverture de lierre qu’elle souleva. Astria leva des yeux effarés et noyés de larmes vers elle.
— Allez, faites-moi une petite place, Astria. Je ne peux ni ne veux vous abandonner dans une pareille détresse. Pourquoi pleurez-vous ?
Elle prit une grande inspiration, essayant de calmer ses pleurs :
— Vous ne le savez pas, mais mon prénom est synonyme de pureté en Hagan et mon père l’a choisi pour moi. Cette pureté, la mienne, est sa raison de vivre et, fidèle aux traditions haganes, tout déshonneur de sa famille devient le sien. Ignorez-vous ce que font les pères quand leur enfant les a déshonorés ?
— Oui, ils se tuent…
Une idée douloureuse s’insinua en Aila. Les larmes d’Astria jaillirent encore plus fort.
— Je l’ai déshonoré, dame Aila, et, par ma faute, il va mourir !
Elle se remit à pleurer à gros sanglots. Aila la prit dans ses bras, cherchant des mots réconfortants pour la rassurer :
— Votre déshonneur n’est probablement pas aussi grand que vous le croyez. Laissez donc votre père en juger. Sans doute se montrera-t-il moins sévère envers vous-même que vous ne l’êtes ?
Astria ne répondit pas, sanglotant sans répit. Aila patienta longuement jusqu’à ce que son chagrin se calmât.
— Il ne pourra pas, dame Aila, ce que j’ai fait est inexcusable…
— Voyons, Astria, vous êtes si jeune. Que pouvez-vous avoir commis d’aussi grave ?
— J’attends un enfant…
Cette nouvelle assomma Aila. Non, Barnais n’aurait quand même pas… Comme si Astria avait lu dans le regard d’Aila, elle précisa :
— Barnais en est le père, mais il n’a causé aucun tort, c’est moi qui l’ai piégé…
Quand elle évoqua le fils d’Airin, une lueur particulière flotta dans les yeux de la toute jeune fille, une lueur qui fit frémir Aila, tandis qu’Astria poursuivait ses explications.
— Je me souviens de la première fois où j’ai vu Barnais, juste après mon arrivée… Il était si beau !
Les yeux d’Astria se mirent à briller. Elle replongeait dans ses souvenirs, si doux et merveilleux. D’une voix à peine audible, elle continua :
— Je suis devenue folle de lui… Je le suivais partout où il allait, je ne pensais qu’à lui. Mais il ne s’intéressait pas à moi et refusait toutes mes avances. « Tu es trop petite ! », me disait-il. Vous savez, ce n’est pas vrai qu’il court après tous les jupons. Toutes les femmes le veulent dans leur lit, donc il choisit… Et il ne me désirait pas ! Mon désespoir fut tel que j’en devins prête à tout ! Un soir, j’ai emprunté les vêtements d’une servante avec laquelle il passe une nuit de temps en temps et je suis allée dans sa chambre. Il s’était chamaillé avec Rebecca, alors, énervé, il avait bu plus que de raison et savait à peine où retrouver son lit. C’est moi qui l’y ai emmené, c’était si simple, trop simple même, de la remplacer dans la pénombre. J’avais tant rêvé de lui…
Astria s’arrêta un instant. Les yeux dans le vague, elle revivait le moment magique où Barnais l’avait enfin désirée.
— Je croyais pouvoir tout stopper après quelques baisers, mais je me suis trompée, tout s’est emballé. J’étais aussi ivre d’amour que lui de caresses et je l’ai laissé faire ce qu’il voulait. Le lendemain, il ne s’en souvenait même pas. Mon plus grand rêve était devenu réalité et, quelques semaines plus tard, mon pire cauchemar…
Son regard vacilla.
— Il faut le mettre devant ses responsabilités ! répliqua Aila.
— Non ! Ce n’est pas de sa faute ! S’il avait su que c’était moi, il ne l’aurait jamais fait ! Je le sais parce… parce qu’il a continué à ne pas vouloir de moi.
Une nouvelle lueur s’alluma dans les yeux d’Astria, mais cette fois, Aila eut peur. Elle se demanda ce qui était le plus douloureux pour cette jeune fille : de savoir que Barnais ne l’aimerait jamais ou qu’elle attendait un enfant…
— Surtout, mon père ne doit pas l’apprendre ! Jurez-le-moi ! S’il vous plaît, supplia Astria.
Aila prêta serment tout en argumentant :
— Mais il finira bien par le découvrir un jour, Astria. Vous ne pourrez cacher cette grossesse indéfiniment. De combien de mois êtes-vous enceinte ?
— Environ cinq, je crois…
— Et qui vous aide au château ? Qui est au courant ?
— Personne ne le sait, alors personne ne m’assiste…
Aila en eut le cœur gonflé. Cela faisait cinq mois que la jeune fille vivait son calvaire toute seule et nul ne s’en était rendu compte… Elle la serra un peu plus fort contre elle, désireuse de lui apporter tout le réconfort possible.
— Dame Aila, Barnais n’est pas mauvais. Il a toujours démontré tant de gentillesse à mon égard. J’aurais tellement voulu qu’il me désire pour moi-même.
Ses larmes redoublèrent. Entre deux sanglots, elle poursuivit :
— Là-bas, vers la forêt, il y a une falaise, la falaise des amoureux et, parfois, je m’imagine que j’y monte. Un pas maladroit et, après, tout est fini…
— Astria ! Non, pas cela ! Je comprends qu’aujourd’hui la situation peut vous apparaître insoluble, mais je trouverai une issue à tous vos soucis. Je ne vous abandonnerai pas, je vous le promets. Avez-vous confiance en moi, Astria ?
La jeune fille leva les yeux vers elle.
— Oui, dame Aila, je vous fais confiance, lui répondit-elle, avant de se pelotonner à nouveau dans ses bras comme un petit chat.
Elles restèrent un long moment toutes les deux avant de se décider à rentrer vers le château.
— Pas de bêtises, Astria, promis ?
— Promis, dame Aila. Je serai sage.

Aila devait se changer avant le repas, mais elle n’en avait pas le cœur. La situation d’Astria la peinait terriblement. Barnais, cet abruti, s’était laissé berner par une jouvencelle ! Cependant, elle devait être honnête, Astria avait bien mené son affaire. L’amour irraisonné qu’elle portait au fils d’Airin avait balayé toutes les barrières, l’amenant à commettre des folies. Les vrais responsables étaient tous les adultes de ce château qui n’avaient pas décelé son obsession, alors qu’une seule rencontre lui suffit pour détecter sa détresse. Les gens étaient-ils donc aveugles à ce point ou seulement indifférents ? Arrivée à sa chambre, Élina avait tout préparé et Aila renonça à lui dire de tout remballer. Alors, elle enfila sa robe et se fit coiffer, bien loin des effets que cela avait produits sur elle le premier jour. Préoccupée, elle ne se regarda même pas dans le miroir. Quand Hubert passa la prendre, elle remarqua qu’il ne bougonnait plus, c’était déjà ça…


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